Simple passage

Tobias était de passage à la piscine. Il faisait nuit et elle avait close pour éviter les bains de nuit. Il décida de rester devant l'entrée un moment avant de distinguer le silence et le désertement total des environs. Cassant la porte d'entrée, il pénétra à l'intérieur. Ce n'était son genre de prendre son bain, possédant des gènes de félin dans les veines, mais l'endroit était chaud et calme. Un lieu idéal pour être tranquille.

S'asseyant sur un banc près d'un mur, il alluma une cigarette, jettant un regard noir sur l'étendue d'eau en face de lui. Il savait nager, ce n'était pas à ignorer. Mais l'eau... il la considérait comme la peste noire. Encore pour se laver, il faisait la grimace. Mais plonger là dedans... même pour une malette remplie de fric ou de choses précieuses à ses yeux, il ne l'aurait pas fait.

C'est alors qu'il se mit sur le qui-vive. Il avait entendu bruit. Sans doute un type qui profitait du soir pour nager sans payer. Sauf peut-être un policier... La main sur ses flingues, il attendait que l'inconnu se démontre...

June courait, nue, dans le couloir carrelé. Elle était en vacances à l'intérieur du périmètre de sécurité et profitait de la fermeture pour se baigner sans craindre qu'on voie son visage. Elle avait ôté sa combinaison, sa ceinture et son masque et fonçait vers le bassin en hurlant et en rigolant. Elle passa devant les douches sans s'arrêter (enfant déjà elle détestait ça) et arriva en vue de la grande salle. A travers ses yeux, l'eau avait une drôle de teinte, allant du rose au bleu azur en passant par le blanc perle. Elle jeta sa serviette à terre et sauta dans le grand bassin en criant "BANZAIIIIIIIIII". Elle atterit dans l'eau avec la grâce d'une bombe et se mit à nager, au comble du bonheur. Elle fit des longueurs en dépit du bon sens, allant d'un côté du bassin à un autre sans faire la moindre ligne droite. Mais quand elle sortit de l'eau pour aller au tobogan, elle ressentit une présence derrière elle. Elle attrappa la serviette qu'elle avait laissée et s'empressa de cacher non pas ses seins, mais son visage. Puis elle se retourna et, à travers le tissu éponge, vit un homme, assis à l'autre bout du bassin, une cigarette au bec. La première question qu'elle se posa en marchant vers lui était si il avaitvu son visage. La béatitude dont elle était pleine dix secondes plus tôt s'était évaporée. Elle contourna le bassin dont l'eau lui apparaissait maintenat rouge sang. A mesure qu'elle approchait de l'homme, les muscles de ses lames de poignets se contractaient, prêtes à jaillir au cas où.
"Que faites-vous au bord du lac de céramique alors que la lune est haute ?"demanda-t-elle en le toisant à travers la serviette.

L'homme félin vit alors une femme se jeter la tête la première dans l'eau, sans remarquer sa présence. Encore heureux qu'il se situait plus loin que l'endroit où elle venait de plonger car il se serait ramasser une sacrée douche... Il voyait la feme nager de loin, accomplir des brasses. Bref, faire comme s'il n'était pas présent. Mais finalement, elle le remarqua. Ce n'était pas trop tôt... Elle saisit sa serviette et, alors qu'il s'attendait à la voir l'enfiler autour de sa taille, elle se cachait le visage avec. Il trouva cela vraiment étrange.

*Elle a peur de moi ou quoi ?*

Curieux, et après les paroles de la femme, il se leva, prenant plusieurs bouchées de sa cigarette, et s'avança vers elle tout en répondant à sa question.

"Je profite du soir pour sortir, rien de plus.
Et vous ?
Ce n'est pas tous les jours que l'on remarque une femme en furie se jeter dans l'eau avec une telle frénésie."

Une fois près d'elle, il s'adossa au mur, terminant sa clope.

"Je peux savoir pourquoi vous portez votre serviette à votre visage ?
Je vous effraie tant que ça ?"

June sourit de toutes ses dents pointues sous sa serviette.
"Le lac carellé n'est jamais plus doux que lorsque la lune l'illumine." dit-elle.
Elle était rassurée, apparement, il n'avait pas vu ses cicatrices. Elle noua la serviette autour de sa tête pour avoir les mais libres.
"Que serais-je trop belle pour vous ou trop laide ? Demande-t-on au sphinx comment il a perdu son nez. Ce roc, ce pic, ce cap, que dis-je un cap, cette péninsule !"
Quand elle sentit qu'elle avait bien capté l'attention de l'homme, elle sortit une de ses lames. Elle fit vers le visage de l'homme un mouvement si rapide qu'aucun humain n'aurait pu l'intercepter. La lame passa dans l'air avec un sifflement, à deux centimètres du nez de l'inconnu. Pendant une seconde il ne se passa rien, puis le bout le da cigarette se détacha du filtre et roula à terre. June se tordit de rire en voyant la tête que tirait l'homme. Elle était restée très farceuse.

Tobias hocha un sourcil. Par manque de compréhension sans doute. Cette femme parlait comme ses livres qu'il avait lu étant gosse, un vocabulaire serrant et non celui d'une discussion parfaite. Il n'était pas fan d'art dramatique ni de poésie et n'allait certainement pas suivre les mêmes mots qu'elle employait.

"Certes..."

Ce fut le seul mot qu'il laissa s'échapper de sa bouche, prenant une autre bouffée de sa cigarette. A ce moment, il remarqua que la femme faisait des gestes rapides mais ne les percevait pas complètement. Il y eut un sifflement long qu'il pu percevoir facilement grâce à son ouïe de félin. Et dès lors, sa cigarette se coupa en deux. Ses yeux louchèrent pour regarder la coupure avant qu'il ne crache le morceau restant dans sa bouche. La femme était pliée de rire.

"C'est si drôle que ça ?"

Tobias s'éclaircit la voix, comme s'il voulait passer du ridicule au sérieux.

"Pas mal...
Bien visé néanmoins.
Vous faites ça tout les jours ?"

Il se retourna pour pinter la lame qui s'était figée dans le mur juste derrière lui.

"Balancer des couteaux au visage des gens je veux dire."

June s'amusa à faire rentrer et sortir de son poignet la lame coupable.
"Le tabac est une petite bête qui grandit dans un oeuf à forme cylindrique auquel on met le feu. Il éclos alors et rentre dans l'organisme pour se fixer aux poumons. Imaginez donc le genre d'alien qui s'échapperait de votre cage thoracique. Mais pour faire simple, j'aime m'amuser."
Elle resta sérieuse pendant quelques secondes, puis éclata encore d'un rire dément.

"Oulà..."

Tobias porta une main sur son visage qu'il laissa glisser jusqu'à son menton. Il fit demi-tour pour aller saisir le couteau et s'amuser avec, le lançant et le rattrappant à répétition tout en ayant s'apuyer contre le mur blanc de la piscine.

Les reflets de l'eau gisait sur ce mur sans couleur, comme si une aurore boréale se créait chaque nuit qui passait.

"Vous vous êtes enfuie de l'asile, c'est cela ?
Aïe aïe aïe...
On s'occupait bien de vous pourtant là-bas, non ?"

Tobias trouvait un malin plaisir à plaisanter sur ce sujet. A ses yeux, elle était quelque peu givrée. Et jouer ce jeux l'amusait à la fois et le renseignerait peut-être sur les origines de cette étrange femme.

"On s'occupait bien de vous pourtant là-bas, non ?" répéta June en reproduisant à la perfection la voix de l'homme.
"Une cellule capitonnée est trop étroite pour ma folie. Mais la fuite n'est pas résolutive. Que serais-je mieux à comater dans une prison qu'à être libre ? Ma place est sous le ciel, à remodeler le monde à l'image de ma folie."
Puis elle s'approcha de son interlocuteur et le renifla. Il y avait quelque chose dans son odeur qui l'intriguait.
"Mais, vous, vous n'êtes pas plus humain que la personne que je vois dans le miroir."

[désolée du retard, j'ai eu un sérieux pétage de net -_____-]


La femme lui répondit avec autant de poésie dans les paroles quand dans les anciens dires de nos chers ancêtres du 17e sècle. Cela faisait drôle pour Tobias, toujours habitué à parler crime, sang, clope, rebellion, genre langague des jeunes de nos jours. Mais une petite différence ou du nouveau de temps en temps ne faisait de mal à personne.

"Certes la liberté est bien mieux qu'une salle aux quatres murs soudés, je dois l'admettre.
Mais votre "folie" rime à quoi au juste ?
Si cela se résume a du dévergondage, vous trouverez beaucoup de monde à vos côtés avec tout ce qui se passe, les gens perdent facilement la tête..."

Tobias fit la grimace en voyant cette femme la "renifler". C'était étrange de sa part, du moins selon le félin. Seulement il fut surpris. Elle avait bien vu en elle autre chose que de l'humain. Seulement, il ne comprit pas tout à fait le sens du "miroir" mais répondit tout de même à ses paroles.

"En effet...
Disons... que je suis seulement à "moitié" humain.
Mes véritables amis sont plutôt les félidés, si vous voyez ce que je veux dire..."

Il sourit en coin, dévoilant l'une de ses fines canines. De plus, cela se voyait également à ses yeux qui n'étaient que des pupilles peu dilatées, contrairement aux humains ordinaires. Sans oublier ses ongles longs qui faisaient plus fille que homme. Mais dans le cas d'un félin, c'était indispensable pour le corps à corps.

June gloussa en entendant l'homme lui parler dans un language proche du sien. Ou plutôt elle émit un grincement inquiétant qui se voulait être un gloussement. Quand il sourit, elle gloussa encore plus fort.
"Oh ! Vous en avez aussi ! Mais les miennes sont beaucoup plus grosses !"
Elle se colla pratiquement à lui et il put voire que le rouge était sa vraie couleur de cheveux .
"Je sens que nous allons nous entendre comme des lances à eau !"

Tobias gardait son sourire en coin.
Une pensée lui vint subitement à l'esprit.
Il posa ses ongles sur la serviette que la fille portait sur sa tête, sans pour autant la tirer.
Il ne faisait que la déchirer, des petites fissures par-ci par -là.
Puis il ajouta :

"Pourquoi tu caches ton visage ?
Tu es laide dis-moi ?"

Il se mit à rire, mais plus un sifflement entre ses dents qu'un véritable rire d'hilarité.

"Il ne faut pas être honteux de ce qu'on est.
Moi-même je m'accepte bien."

June s'écarta vivement. ce type lui plaisait bien, mais elle savait bien qu'elle ne pourrait pas se retenir de l'étriper s'il voyait son visage. Elle feula pour le dissuader de recommencer.
"Les ciactrices du passé ne sont pas toujours bonnes à rouvrir. Ne recommence pas, le chat, ou ce sera la dernière fois ! des lances à eau, vraiment. Quand on s'allume, il y a le feu, forcément."